Sachant que l’organisation nous annonce 120km de course tout en orientation, que la météo a décidé de laisser tomber un léger crachin à longueur du week end, nos états de forme nous laissent présager des moments difficiles ! Quelques minutes après notre départ, nous passons chez Fabrice Magimel pour récupérer un phare Silva pour la CO nocturne. Fabrice, lui, est inscrit sur le raid court du lendemain. Nous y reviendrons plus tard…Quelques minutes plus tard, nous récupérons Francis Condé chez lui. Francis fera en individuel la CO nocturne ainsi que le raid court du dimanche avec 2 amis du Pech Bike Club. 11h00 Ca y est, on a tout le matériel, on est tous les 3 dans la voiture et direction Rocamadour ! L’heure trente de trajet défile sans que l’on s’en rende compte. 2 raisons : il y a trop de virages sur la route et nous avons refait le monde des raids au moins 2 ou 3 fois ! Pas le temps de s’ennuyer !

Arrivés à Rocamadour, une petite collation, préparation du matos, et 13h45 départ de l’épreuve de VTT Orientation. L’organisateur annonce 13 balises, 27km et 850m de D+. Comme c’est départ toutes les 3 minutes, nous faisons le choix de partir au plus tôt, à 13h48 histoire de rentrer tôt se reposer pour la suite et d’éviter la nuit. C’est Nicolas qui oriente et qui orientera tout le week end. Moi je suis là pour aller poinçonner le carton de pointage, regarder le paysage mais finalement je ne verrai surtout que l’arrière du VTT de Nicolas ! Les balises s’enchainent à bon rythme, nous ne nous arrêtons presque pas sauf sur la 5 où nous jardinons un peu avant de nous recaler sur la route, passons à travers les gouttes, et malgré quelques grosses frayeurs dans les descentes (la pluie sur feuilles mortes et cailloux, c’est pas le top pour l’adhérence !). Nous bouclons finalement cette étape technique et physique en 2h11.

Quelques minutes après notre arrivée, la pluie se met à tomber fortement. Nous avons alors une pensée pour toutes les équipes qui sont sur le circuit, et nombreuses seront celles qui se feront prendre par la nuit sans éclairage.

Nous avons ensuite rendez vous à Souillac pour récupérer les clés du gite que nous avons loué. La propriétaire, une femme d’un certain âge, mais respirant dynamisme et envie de bien recevoir ses hôtes, voyant l’allure fatiguée de Nico, nous propose une petite verveine, que ce dernier s’empresse d’accepter !!! Et hop, 3 minutes après, nous voilà assis dans la véranda, avec tisane et petits gâteaux, pendant que Nico appelle le médecin de garde. Quelques secondes au téléphone, un diagnostic médical et un fax plus tard, une seconde pyramide de boite de médicaments l’attendra à la pharmacie du coin : « Je vous mets sous cortisone pour que vous puissiez tenir le WE et lundi matin, direction votre médecin généraliste » lui explique le médecin. Le gite (une petite maison de 65m2 à l’ancienne) est tellement accueillant que nous ne sommes pas sûrs de vouloir retourner à la course !! Malgré tout, et après une soupe et un plat de pates, nous repartons en voiture à Mayrac pour 1h30 de CO au score et 19 balises. Et sur les routes mouillées et sinueuses du Lot, nous ne savons pas si c’est l’effet des médicaments ou des mélodies de David Guetta, mais Nicolas s’est transformé en Sébastien Loeb !! Ca a remis tout le monde en condition pour la course au score !!

20h00, départ de la course au score sur carte IGN transformée en IOF. Les organisateurs annoncent la couleur : c’est technique, et peu d’équipes arriveront à tout faire (et en effet, 1 seule y arrivera). Imaginez 40 équipes de 2 plus quelques individuels, sur une route étroite à 400m environ des cartes. Quand le départ et donné, c’est un véritable sprint vers les cartes, puis nous faisons un rapide point. Nous faisons le choix de partir dans le sens contraire des aiguilles d’une montre et vers le nord. Ce choix aura été sûrement payant, car nous avons été les seuls à faire ça, et visiblement pour ceux qui sont partis dans l’autre sens, il y a eu de gros embouteillages pour poinçonner les premières balises. Nous avançons régulièrement, en prenant quelques risques calculés, et malgré un petit demi-tour sur la seconde balise, nous montons et descendons à bon rythme. Depuis la 18, nous décidons d’aller chercher la 3 dans du vert 3 à 300m. En gardant la même ligne de niveau et en comptant les pas, nous tombons nez à nez avec la balise. La remontée sur la 4 va nous faire mal mais on s’accroche. Au bout de 45 minutes, nous décidons de faire un point sur ce qui est fait et reste à faire. Nous voyons alors que nous pouvons tout rentrer ou presque, donc la stratégie est décidée : on fait à fond !! à 15 minutes de la fin, nous décidons d’aller chercher la 9, mais elle est dans du vert 7 (au moins) et plus en contrebas que ce que l’on pensait. Je descends seul, poinçonne, mais la remontée de cette ravine est terrible ! Lorsque je retrouve Nicolas, il reste 5 minutes, nous savons que nous ne sommes pas loin de l’arrivée, moi il faut que je récupère un peu, et il se dit qu’il peut aller chercher la 10 seul, je le suis de loin. A son retour, il nous reste 2 minutes pour faire environ 500m, le calcul est clair : il ne faut pas calculer !! A fond à fond ! et nous rentrons en 1h30 et 30 secondes, ce qui nous vaudra 7minutes de pénalités. Il nous manque 2 balises, mais nous sommes satisfaits, car rapidement nous nous rendons compte que seules 3 équipes ont fait mieux. Francis de son côté, est aussi satisfait de sa course de reprise, après quelques longues semaines de blessure. Nous sommes trempés et fatigués, donc nous rentrons vite au gite pour une soupe (encore !), des pates (encore !) une douche. A minuit, tout le monde est couché.

5h30…le réveil sonne…dur dur !! Francis mange déjà des pates. Nous savons que la journée va être longue. Les médicaments ont l’air de faire effet sur Nico, qui malgré sa voix à la Gérard Darmont, m’annonce qu’il se sent en cannes ! J’aurais dû me méfier !!

7h00, briefing, sous la pluie, à la lueur des frontales. Nous voyons sur la feuille des résultats de la veille que nous sommes 6^ème, mais qu’entre le 3^ème et le 11^ème, il n’y a que 20min. Autant dire, une paille compte tenu de ce qu’il nous attend ! Nous partons pour 1,5km de course à pieds hors chrono pour rejoindre le départ réel, puis feu ! 4km de trail, puis CO ; 12 balises. Nous mettons quelques minutes à rentrer dans la carte (mais nous ne sommes pas les seuls, car tout le monde jardine dans la forêt !). Dès la balise 2 mon estomac commence à faire des 8 et je sens que la journée va être looooooongue. Nicolas, carte à la main, laisse peu de place au hasard dans le choix des itinéraires. Arrive la fin de la CO, mon GPS m’annonce déjà 15km parcourus et 400m de D+. Nous partons pour 16km de canoë sur la Dordogne, en pagaies simples. Et contrairement à ce que l’on peut penser, quasi 2 heures à pagayer sur une rivière avec peu de courant, c’est pas de tout repos ! Heureusement, 1 pêcheur par ci, un vol de canards par là, une équipe ou 2 qui nous double, 1 équipe ou 2 que l’on double, ça fait de l’animation ! Nous savons que nous sommes dans les 10 premiers, et nous nous tenons à 6 canoës en l’espace de 3 ou 4min. Ca promet pour la suite !

A la descente des canoës, les rollers nous attendent. Nous n’avons pas eu trop froid sur les canoës, mais mon ventre me fait comprendre qu’il serait mieux assis dans un canapé au chaud accompagné d’une pizza, que froid et humide à avaler des gels énergétiques ! 10km pour la section rollers (ou autres, car il y avait aussi trottinettes diverses et skates boards !). Après 2 ou 3 petites figues de style, Nico trouve son équilibre, et nous avançons doucement mais sûrement sur cette piste cyclable recouverte de mousse et de feuilles mortes, mais plutôt ludique. Le roller en raid, c’était une première pour nous, et nous avons franchement apprécié ! A un moment, Nico me dit : on va bien là, on doit être à 18 ou 20km/h ! Je regarde mon GPS et lui dis : on est à peine à 14 !! Déception ! Mais j’étais en hypo totale ! La vraie, la belle ou t’arrives plus à rien. Je serre les dents pour arriver à la transition. A la transition, j’ai déjà 42km au GPS, et il nous en reste autant de VTT avec 1200m de D+ annoncés. Là, 2 possibilités : soit je me fais rapatrier en hélicoptère au 1^er Mac Do sur la route, soit je me dis que la douleur n’est qu’une information que je ne suis pas obligé de prendre en compte. Pendant que Nico prépare les vélos, installe sa carte, discute à droite ou à gauche, je choisis l’option 2 tout en prenant le temps de manger ce que j’arrive à faire passer. 

Allez ! La dernière section ! Et après 5min de plat, une montée…et quelle montée ! 1,5km annoncés à 20%. Les connaisseurs apprécieront. Tout au long de la journée, Nico a failli attraper un torticolis à force de regarder derrière si je suis encore là ! Je me force encore à manger, je vois que l’énergie remonte, et malgré l’impression que nous n’avançons pas, nous doublons 1 puis 2 équipes. Ouf ! y’a plus rincé que moi (c’est petit, mais on trouve de la motivation comme on peut) ! Dans une descente Nico m’offre la joie de 2 figures de style conclues par 2 chutes sans gravité. Mais il ne fait pas d’erreur, nous avançons tranquillement mais sûrement, peu ou pas d’hésitations, je vois que ça va mieux et les kilomètres qui défilent sur le GPS associés à quelques rayons de soleil, la beauté des paysages et les encouragement de mon co-équipier me redonnent le sourire. Nous cherchons la balise 7. Nico me dit : faudrait aller en face. Oui Nico, mais en face, c’est un près avec une bonne vingtaine de vaches qui nous regardent d’un œil noir ! y’a pas moyen de passer ailleurs ?? On passe à gauche, on hésite, tournicote un peu, on décide de faire un azimut plein Nord en direction de la route et paf !! on tombe par hasard sur la 7. Dans ces conditions, la chance, on l’apprécie !! D’autant plus que nous sommes limite au niveau de la seconde porte horaire. Les 15 derniers kilomètres sont plus roulants. Heureusement ! Car mon estomac me fait à nouveau comprendre qu’il préfère le canapé au VTT, et Nico commence à avoir des difficultés à me pousser dans les montées. Puis quelques maisons apparaissent, un dernier raidillon à monter sur 200m, la 1^ère fois de la journée que j’arrive à passer quelques centimètres devant Nico (ouf !), on entend du bruit…puis le tour de l’école et…l’arrivée !!! Mon GPS annonce 84km et 8h30 d’efforts !! 

Une belle satisfaction d’avoir réussi ce périple dans cette magnifique région. Nous retrouvons Francis et ses compères pour manger le repas d’après course. Nous cherchons aussi Fabrice Magimel qui devait venir avec Jean Philippe TAMISIER pour faire le raid court, mais…ou est Fabrice ?? Nous l’appelerons dans la voiture et il nous apprendra qu’il a préféré ne pas venir par manque de motivation… Bon, on ne va pas l’enfoncer encore un peu plus mais, c’est vrai qu’il est en H45 et qu’on a eu 3 gouttes de pluies….( de la part de Nico) Une soupe faite maison, pates, coq au vin fromage, dessert et bière. Que du bonheur ! Chacun refait la course et raconte quelques anecdotes. Le retour d’abord au gite pour rendre les clés à notre super hôte puis à Villeneuve ne sont que discussions et rigolades !

En conclusion, il n’y a rien à jeter de ce week end : un raid très bien organisé, des orientations techniques et très variées, des paysages pleins les yeux (de la boue aussi !!), super repas d’après course, l’ambiance dans la voiture et au gite, et un co-équipier solidaire! Enfin, un grand respect à un concurrent que nous avons croisé 2 fois sur le petit raid, et qui a fait la course alors qu’il n’avait qu’une prothèse à la place de la jambe droite. C’est le genre de vision qui rend humble face à l’effort…

Un grand bravo aux organisateurs et bénévoles. Nous recommanderons sans hésiter cette course !